Il n’est plus à discuter l’importance de la digitalisation pour les organisations tant le monde numérique a désormais pénétré toutes les strates de nos vies. En tant que passionné de marketing, de digital et de sports outdoor, avec le double regard d’acteur du secteur, j’ai eu l’agréable expérience de découvrir la dernière campagne online marketing “Mammut Project360”. Une campagne digitale maîtrisée et très contemporaine qui pourrait préfigurer du futur de la communication dans notre secteur des sports outdoor.

Planification de campagne maîtrisée pour Mammut Project 360

 

Bon Timing Contextuel

– Croissances externes par fusion-acquisition générant de nouveaux « gros » dans l’industrie outdoor tels que VF Corps avec The North Face en tête d’affiche, Columbia, le groupe Amer Sports et Salomon, etc..

– Croissances internes et diversification au sein du sportmarket  (Adidas Outdoor pour le mastodonte, mais aussi arrivée des acteurs du running sur le segment plus Outdoor par le trail-running, etc.)

– et des difficultés d’acteurs historiques comme Lafuma Group.

A cela s’est ajouté, par un effet d’opportunité lors des 5 dernières années, une forte concentration des actions de développement sur des niches en très forte croissance notamment le trail-running qui a, et continue, d’attirer toutes les convoitises, etc…

Dans ce contexte, il n’est pas inintéressant et inopportun de voir que la fin d’un cycle très dynamique est peut-être arrivé, laissant place à une nouvelle ère de structuration et de consolidation. A ce jeu là, je trouve très pertinent de la part de Mammut (qui joue à la marge sur l’échiquier du trail-running) de ré-asseoir ses bases sur son core-business, l’alpinisme. Une manière de ne pas perdre ses racines, son image de marque, et finalement, son poumon. Autant d’éléments qui lui permettent de saisir les opportunités de croissances, et peut-être d’exploiter les interstices ainsi laissées vacantes par la concurrence.

Bref, #Mammut Projet360 s’insère dans un excellent timing contextuel pour Mammut. Une maîtrise calendaire qui va jusqu’à la date de lancement.

Timing Saisonnier

En effet, avec un lancement de campagne de marque aux alentours du 9 juillet, Mammut occupe l’espace médiatique au meilleur moment pour le faire. En sell-out, il s’agit de la transition saisonnière avec la fin de saison commerciale estivale (voir les soldes dans divers pays), mais encore avant le début de la saison hivernale. Cette période de creux permet de ne plus se focaliser sur les focus produits et ainsi en profiter pour recapitaliser l’image de marque, pour la saison à venir. Bonus non négligeable, pour les acteurs de l’Outdoor, le 9 juillet correspond également peu ou prou au début de OutDoor show, à Friedrischaffen, de quoi activer de manière originale le salon B2B et donc faire double usage de l’opération.

Identité visuelle

Un cas d’école certes ; et du coup bref à aborder, mais toujours est-il que Mammut a soigné ses présentations. Une charte graphique cohérente et fidèle, qui conserve ses éléments distinctifs de rouge intense, et qui permet d’entretenir la notoriété qualifié de la marque et sa reconnaissance à travers tous ses supports d’expressions.

Finalement, Projet360 est un joli cas d’école pour une campagne de communication, qui pérennise une image et identité de marque, au meilleur moment pour le faire vis à vis des pratiquants, et des opportunités/menaces intra-sectorielles. Encore faut-il réaliser une bonne campagne !

Mammut Project360 : Une campagne contemporaine

Qui dit Brand Image dit diffusion plutôt massive, or l’Alpinisme et la haute montagne restent une relative niche. Dans ces conditions, une campagne web représente la meilleure solution entre possibilité de ciblage, contenu interactif et/ou évolutif et surtout potentielle viralité et donc gain de notoriété.

Une idée émotionnelle

Project360 est basé sur le « Partage d’émotions ». En équipant deux alpinismes d’une solution d’image à 360°, Mammut permet aux internautes de revivre l’ascension de la face nord de l’Eiger. Une manière de faire rêver les pratiquants, voire pour nombre d’entre eux de rendre accessible l’inaccessible. Et une fois qu’on y a goûté, on prend plaisir à naviguer d’un spot à l’autre pour prendre le temps de contempler les magnifiques paysages ainsi capturés. L’internaute est alors acteur de son expérience : il peut naviguer, contempler, s’arrêter, revenir autant de fois qu’il veut pour admirer ce qui le touche le plus.

Une idée originale

 

Une clé de réussite du projet? L’idée originale de capitaliser sur le même genre de technologie que Google Street View, et de l’appliquer dans un usage plus sectoriel. De fait, 90% des gens se représentent assez bien la solution technique, et le mode de navigation. Et peuvent ainsi se concentrer sur le sujet plutôt que sur le moyen : plus de temps de plaisir donc, et plus d’envie de partage !

Viralité ?

C’est le point le plus difficile pour moi à analyser, bien que tous les éléments sont réunis pour une belle campagne. J’ai personnellement été atteint par un lien sponsorisé plutôt que par diffusion organique, mais j’ai envie de dire, dans ce cas précis: et alors? Si Mammut a appuyé sa campagne sur du sponsoring, d’une part elle l’a budgétisé (oui oui, c’est bien fini l’époque du social média qui serait de la communication gratuite ;-), et d’autre part, le fait même que j’en parle, même dans le cadre d’un article de benchmarking B2B, souligne que l’impact est présent. Et, si je n’ai pas toutes les statistiques social média de ce confrère, j’ai pu retrouver un post du 18 juin qui mentionnait que Mammut venait de passer à 300 000 fans facebook. Avec une acquisition de 46 000 nouveaux fans en à peine 3 mois, soit +15%, je pense que les indicateurs sont plutôt bons pour Mammut 🙂

Bonus

Mention spéciale pour une campagne a priori relativement eco-friendly : une expé alpi classique avec un tout petit peu d’équipement, finalement un partage de rêve qui ne devrait avoir que peu d’impacts écologiques (hormis celui du web).

 En conclusions, la campagne de Mammut est un joli cas d’école, avec une maîtrise des fondamentaux (timing, identité) et qui s’appuie sur des éléments très contemporains de marketing émotionnel et de digitalisation. L’avenir nous dira s’il s’agit uniquement d’un one shot, ou si la liste des destinations va s’allonger.

Il y a toutefois fort à parier que l’opération sera reconduite (et même peut-être une opportunité de partenariat pour valoriser des territoires ?). Ce sera peut-être également l’occasion pour davantage de marketing relationnel pour encore plus d’activation (votez pour la prochaine expé 360… etc).

En tous les cas, une opération originale, qui rend accessible l’inaccessible, et contribue à continuer de faire rêver les pratiquants. Toutes mes félicitations à mes confrères.

Pour aller plus loin: